17/09/2025 francais.rt.com  3min #290763

Protection policière, secrétariat, voiture de fonction : Sébastien Lecornu s'attaque aux privilèges

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Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu annonce la fin des avantages à vie pour les anciens Premiers ministres et ministres dès 2026 : voiture de fonction limitée à dix ans, secrétariat jusqu'à 67 ans, et protection policière à trois ou deux ans. Ces réformes, justifiées par des économies (1,58 M€ en 2024 hors police), visent l'équité face à un statut temporaire.

Sébastien Lecornu, fraîchement nommé Premier ministre, a dévoilé des mesures ambitieuses pour supprimer les avantages à vie accordés aux anciens Premiers ministres et ministres, applicables dès le 1er janvier 2026. Dans un discours prononcé à Matignon, il a justifié cette réforme par la nécessité d'économies budgétaires et d'équité : « Il n'est pas concevable qu'ils puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire. »

Ces privilèges, hérités de traditions non écrites et de décrets anciens, coûtent cher à l'État : 1,58 million d'euros en 2024 pour les anciens Premiers ministres, hors protection policière estimée à 2,8 millions d'euros annuels en 2019. Bien que marginales face à une dette de 3 300 milliards d'euros, ces dépenses symboliques sont critiquées dans un contexte de restrictions budgétaires.

Parmi les avantages ciblés, la voiture de fonction avec chauffeur, accordée sans limite de temps aux 17 anciens Premiers ministres actuels (sauf s'ils occupent un autre poste public), sera limitée à dix ans après leur départ de Matignon. Des figures comme Élisabeth Borne, Gabriel Attal ou Michel Barnier, récemment arrivées dans ce cercle, verront ainsi leurs privilèges temporaires.

Villepin coûte cher

Le secrétariat, déjà encadré par un décret de 2019 limitant son accès jusqu'à 67 ans, sera maintenu pour les nouveaux sortants, tandis que les ministres partis avant 2019 conserveront le leur jusqu'en 2029, indépendamment de l'âge. Certains, comme Alain Juppé, Jean-Marc Ayrault ou Édouard Balladur, n'en font plus usage, mais d'autres, tels que Dominique de Villepin (207 072 euros en 2024) ou Bernard Cazeneuve (198 290 euros), pèsent encore sur le budget.

Jean Castex, par exemple, n'a perçu que 4 225 euros cette année. La protection policière, décidée par le ministre de l'Intérieur sur la base de traditions, subit la réforme la plus marquante : limitée à trois ans pour les anciens Premiers ministres et deux ans pour les ex-ministres de l'Intérieur, avec possibilité de prolongation en cas de menace avérée.

Une instruction sera adressée à la Direction générale de la police nationale pour formaliser ce cadre. Lecornu a précisé : « La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée et reconduite en fonction de la réalité du risque. »

Cette mesure répond à des critiques sur l'illimitation de la protection, parfois justifiée par des risques sécuritaires, comme pour Cazeneuve lors de la lutte antiterroriste. Cette initiative s'inscrit dans une volonté de modernisation et de sobriété de l'exécutif, au moment où Lecornu retravaille le budget 2026. Elle pourrait inspirer d'autres réformes, notamment concernant les anciens présidents (coût de 1,32 million d'euros en 2023), et reflète un virage vers une gestion plus responsable des deniers publics, tout en préservant l'essentiel pour la sécurité des anciens responsables.

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